Je n'ai jamais réellement eu de famille et durant toute mon enfance, j'ai toujours pensé que je devrais la trouver et la fonder moi-même un jour. Mes parents ne s'aimaient plus et mon père avait fini par partir me laissant seule avec une mère complètement droguée aux antidépresseurs. Puis un jour, j'ai rencontré Aeron et les choses ont changé. Il devint au fil du temps ma famille. On se maria et vécu une vie parfaite du moins jusqu'au jour où il reçut son avis de mission. Il quitta la maison pour le Nebraska sans que je ne puisse rien savoir. C'était son métier, et je le comprenais parfaitement, mais parfois, je devais bien avouer qu'en savoir un peu plus sur ce qu'il faisait là-bas ne m'aurais pas déplu. Mais après tout j'avais confiance en lui et je me disais qu'il serait de retour dans quelques temps. J'avais pris pour habitude de ne jamais me renseigner sur les endroits où il partait en mission. C'était d'ailleurs lui qui m'avait soufflé cette idée la première fois où il dû partir. Ainsi, je ne m'imaginais pas mille et un scénarios catastrophe. Bien sûr cela ne m'empêchait pas de penser jour et nuit à lui, mais cela m'évitais de me monter trop la tête. Pourtant, après plusieurs mois sans le voir, son absence se faisait de plus en plus sentir. Il me manquait, j'avais besoin de le revoir. Sans compter le fait qu'après une soirée bien arrosée j'avais perdu notre bébé... Je n'avais même pas eu l'occasion de lui annoncer cette excellente nouvelle que je causais sa perte. Je ne mettais jamais autant senti coupable de quelque chose que cette fois là. Et alors que je tentais de m'en remettre seule, je finis par recevoir une demande de divorce par courrier. Une seule hypothèse me sembla probable, il avait appris par je ne sais quel moyen que j'avais perdu notre bébé.

Mon monde s'écroulait. Et alors que j'étais seule depuis plusieurs mois, et que j'aurais pu signer ses fichus papiers, je n'en fis rien. Il était hors de question que je les signe sans que je puisse avoir une explication avec lui. J'avais tous les tords, mais jamais je n'avais cessé d'aimer mon époux malgré la distance qui nous était imposée. Je ne pouvais pas abandonner ma famille avec une simple signature alors que les choses pouvaient probablement s'arranger. Et c'est à ce moment que j'eue une illumination : je devais aller le retrouver. La distance nous avait séparés, puis je n'avais pas arrangé les choses avec ma fausse couche, mais je pouvais remédier au moins au problème de la distance. Je ne savais rien de plus sur la ville où il résidait que l'adresse où il habitait puisqu'on c'était envoyés de nombreux courriers, je ne connaissais rien de cette ville et aurais pu avouer aisément ne pas savoir du tout où je comptais mettre les pieds. Je ne savais pas où j'allais, quel temps il ferait, ni même où je dormirais. Pourtant, rien n'aurait pu m'empêcher d'aller le retrouver. A peine avais-je eu cette idée que j'avais déjà rassemblé dans un sac quelques vêtements et réservé une place sur un vol. J'étais une fille très organisée d'ordinaire, et jamais je n'avais autant agi dans la précipitation, mais j'avais la désagréable impression que le temps me pressait et que je devais le retrouver rapidement. Arrivée à Omaha, je pris un bus qui me conduit jusqu'à Elm Creek. Le bus était bondé de monde et après 3h de vol, j'enchaînais donc avec plus de trois heures de torture compressée contre la fenêtre à cause d'un homme qui n'avait rien trouvé de mieux à faire que de s'endormir appuyé contre mon bras à peine dix minutes après s'être assis, à croire qu'il n'avait pas dormi depuis des jours. Bref, arrivé à Elm Creek, je quittais le bus et optais pour faire du stop. J'en avais eu assez de ces trois heures de supplices, et il me semblait que faire la route en voiture serait plus rapide. Je montais dans quatre voitures différentes, marchant un peu entre chaque le temps d'en retrouver une autre malgré le temps pluvieux chaque fois plus menaçant qui me faisais penser que j'aurais dû me renseigner sur la météo pour au moins prévoir un manteau ou un parapluie... On me déposa à Oconto puis je repris un dernier véhicule qui me déposa un peu avant Callaway. Je repris donc la route à pied. Je partais alors pour une heure de marche mon sac à la main non plus sous une pluie menaçante mais bien présente cette fois, semblant s'amplifier chaque minute. Jamais une route ne m'avait paru si longue !

Ce fut donc un soulagement d'enfin arriver en ville. Les rues étaient presque désertes, il était approximativement 21h30 et la nuit était tombée depuis déjà un moment, de plus le mauvais temps ne donnait probablement pas envie aux gens de sortir de chez eux, les joies de l'automne... Lorsqu'un aimable passant m'indiquait le motel où je voulais aller grâce à l'adresse d'Aeron présente sur un de ces derniers courriers, je me sentis bête de devoir rebrousser chemin car j’étais déjà passé par là en arrivant. Le motel était petit, et les lumières du parking étaient toutes allumés, laissant les numéros des chambres du rez-de-chaussée ressortir sur le blanc immaculé des portes. Je n’eue aucun besoin de demander la chambre de mon mari et la trouvait immédiatement grâce au numéro qu’il y avait indiqué dans l’adresse de sa dernière lettre. Je priais donc pour qu’il soit encore ici, et dans la même chambre, je me sentirais assez mal d’arriver dans cet état devant un inconnu… Devant sa porte, mon sac à la main, trempée jusqu'aux os, je me demandais l'espace d'un instant quelle serait sa réaction. Durant son absence, j'avais souvent imaginé son retour. Chaque fois des scènes de contes de fées, où après d'émouvantes retrouvailles on reprenait notre vie comme on l'avait laissé avant son départ. Mais j'étais là, devant sa porte, sous une pluie battante, hésitante, redoutant que tout soit bien différent de ce que j'avais imaginé. Jamais je n'aurais imaginé recevoir des papiers demandant le divorce sans aucune explication et qui plus ai par courrier ! Après cinq bonnes minutes de réflexions, et je devais l'avouer commençant à avoir froid d'être si trempée, je frappais deux petits coups à sa porte.