let me tell you a story.
«
Alizsheynn Greenaway, mieux vaut pour toi que tu ramènes tes fesses à la maison dans les plus brefs délais sans quoi tu passeras le reste de ta vie enfermée dans ta chambre. » Lâchant un rire amusé, Alizsheynn ne répondit même pas, se contentant de raccrocher au nez de son paternel comme s'il avait été un vulgaire pote de lycée. A cette période de sa vie, c'était ainsi qu'elle voyait son père, un simple ami, un quasi-inconnu, une personne qu'elle appréciait peu et qu'elle ne désirait pas mieux connaître. Sans savoir pourquoi, depuis toujours, un fossé c'était creusé entre eux, Aliz' avait toujours été plus proche de sa mère, feu Elizabeth Greenaway, morte bien trop tôt, sa mort avait dévasté la jeune femme, qui était extrêmement soudé avec elle. C'est à ce moment-là que le comportement d'Alizsheynn changea, elle devint le stéréotype même de l'adolescente faisant une crise, sortant le soir, buvant un peu trop, draguant les beaux mecs, ne se souciant de rien, défiant les lois. Plus personne ne l'arrêtait et elle serait sans doute devenue une garce si elle n'avait pas finalement ouvert les yeux, ce soir de février, alors que sa meilleure amie s'était écroulé devant ses yeux comme une épave. Coma éthylique, c'était beau tient, un verre de trop à cette soirée futile et elle se retrouvait entre la vie et la mort. Monsieur Greenaway avait regardé sa fille dans les yeux, lui-même la larme à l'oeil. «
Alizsheynn, je sais que je n'ai aucune autorité sur toi, mais, pitié, ne fini jamais dans cet état ... Jamais. J'ai déjà perdu ta mère, je ne veux pas te perdre aussi. » Sa mère, ça avait toujours été le point sensible d'Aliz', elle souffrait et souffrirait sans doute toujours du manque de cette présence maternelle à laquelle elle s'était tant attachée. Toutefois, les paroles de son paternel eurent l'effet escompté et la belle commença à s'assagir peu à peu. Se découvrant des ambitions nouvelles et eut une passion pour le journalisme, métier dans lequel elle entreprit de faire les études et d'en atteindre le sommet.
«
Tu as entendu la dernière nouvelle ? » Alizsheynn porta un regard interrogateur sur son amie, secouant doucement la tête pour signifier que non, elle n'était au courant de rien, posant son stylo sur son bureau, elle l'écouta. «
Rebecca va lâcher son poste de rédactrice en chef, si tu veux ce que je veux dire... » Son amie portait un petit sourire euphorique face à la possibilité qui s'imposait alors à toute l'équipe du journal: une personne dans ses locaux serait promu rédactrice ou rédacteur en chef. C'était son rêve à elle, de monter à ce grade, de devenir rédactrice en chef du journal, elle avait toujours travaillé d'arrache-pied pour atteindre ce but et désormais, elle pouvait entrevoir cette possibilité. Ne manquant plus ... que le bon sujet, le gros titre qui la propulserait à ce rang. Son cerveau grouillait déjà d'idée multiples et pourtant, elle savait que ce n'était que du recyclé, non elle voulait du grandiose, de l'incroyable, de l'inattendu, quelque chose qui surprendrait, un truc incroyable et peu commun un truc comme ... «
Alizsheynn ? » Relevant une nouvelle fois la tête, elle fit cette fois face à son assistant, qui semblait elle aussi euphorique. «
Quoi ? » S'approchant un peu la jeune femme alla se poster non loin du bureau de sa patronne, assez proche d'elle pour que personne n'entende ce qu'elle allait dire. «
Écoute, je sais que tu veux concourir pour devenir la nouvelle rédactrice en chef et je pense que j'ai le sujet jackpot. » Se redressant avec une rapidité affolante, Alizsheynn regarda autour d'elle, comme pour être sûr que personne n'écoutait, il fallait qu'elle ait de l'avance sur les autres car, si un sujet était ''le jackpot'' elle ne serait sans doute pas la seule sur le coup, mais, elle savait qu'elle travaillait vite et bien, suffisait alors, d'être la première à partir. «
Je t'écoute. » Ses yeux s'ouvrir grand, l'incitant alors à parler de se dit sujet qui semblait si intéressant, croisant les doigts pour qu'effectivement il le soit. «
Tu as déjà entendu parlé de la ville de Callaway ? » Alizsheynn roula les yeux devant son amie qui semblait avoir envie de garder un minimum de suspens, au grand dam de la belle. Secouant la tête, spécifiant que non, elle ne connaissait pas vraiment, tout du moins, elle n'y était jamais allée, elle arqua un sourcil. «
Des choses étranges se trament là-bas, personne ne sait quoi, mais, il y a des disparitions et des choses louches. Même les soldats sont arrivés pour protéger la ville. » Un sourire s'élargit sur le visage d'Aliz face à cette nouvelle, c'était peut-être ça, son sujet-jackpot, ce qui la propulserait au sommet, ne manquait plus alors, qu'à boucler valise et à s'octroyer un séjour dans cette ville. C'était sa chance d'atteindre le but qu'elle désirait tant et elle était bien décidée à y parvenir.
«
Excusez-moi ? » Cet homme, un soldat, ça ne pouvait qu'être une bonne solution pour découvrir enfin ce qui se tramait dans cette ville si étrange. «
Oui ? » «
On pourrait savoir ce qui se passe ici ? » «
Non, c'est confidentiel. » L'esprit tourne à cent à l'heure et elle cherche déjà une brèche pour l'inciter à se confier. Il ne semble pourtant pas aptes à faire quelques révélations qu'il soit, au grand dam d'Alizsheynn. «
Ho, voyons, on habite ici, c'est notre droit de savoir ce qui se passe ! » «
Vous habitez ici ? » «
Oui. » Son air innocent et faussement sincère aurait sans doute pu l'amadouer, si elle avait préalablement songé à tout ce qui pourrait lui faire louper son coup. Comme sa voiture, par exemple. «
C'est pas à vous la voiture rouge là-bas ? » «
Si pourquoi ? » «
Elle est immatriculée de New York si je ne m'abuse... » Grillée Greenaway, grillée. «
Et puis ? » «
Je dois vous demander vos papiers pour que vous admettiez que vous n'habitez pas ici ? » Ne reste donc plus qu'une solution, la sincérité. Et, même si c'est l'une de ses dernières chances, elle à l'intime conviction que ça ne fonctionnera pas, pas avec lui en tout cas. «
Okay, okay. Je bosse pour un journal New-Yorkais et j'ai besoin d'un truc intéressant, impressionant, vous voyez, le genre de truc qui me ferait passer rédactrice en chef hyper rapidement ! » «
Aller donc le chercher ailleurs, je vous l'ai dit, c'est confidentiel, même pour les plus ambitieux. » «
C'est pas juste ! » «
Oui aller, au revoir mademoiselle. » C'était ce qu'on appelait se ramasser en beauté et, pour ne pas mentir l'égo de la belle en prenait un gros coup, se faire rembarrer de la sorte, c'était loin d'être dans ses habitudes et ce soldat impassible se révélait finalement être un bon défi. Elle allait lui soutirer les informations, à lui et pas un autre, juste pour le plaisir sadique et ambitieux de se dire qu'elle avait réussi à le faire parler, lui qui l'envoyait sur les roses comme cela.
C'est sans doute pour cela que lorsqu'elle l'a recroisé, ce soir-là dans l'un des bars de la ville, elle n'a pas pu s'empêcher d'abaisser son ultime carte, sa dernière chance de décrocher des informations de sa part. «
Encore vous ? » «
En effet... » Elle ne savait pas trop s'il fallait en déduire qu'il était indifférent, content ou exaspéré à l'idée de la supporter à nouveau. «
Vous voulez toujours pas me parler ? » «
Non. » Intérieurement, Alizsheynn sourit devant la quasi-inertie de son interlocuteur, qui lui semble peu parler en cette soirée. «
Même si je vous paie un verre ? » Tente-t-elle en se voyant déjà se faire rembarrer par le soldat si peu convivial avec elle. Pourtant, elle sait qu'il n'a rien de bien méchant, il fait juste correctement son boulot tout comme elle tente de faire le sien. «
Non plus ... de plus, ce serait plutôt à moi de vous en payer un. » «
Faites donc alors. » «
Très bien... » Un point pour elle, c'était une infime victoire qui au moins lui laissait l'infime espoir qu'elle pourrait parvenir à ses fins. Vous connaissez la technique des confidences sur l'oreiller ? On est toujours plus apte à se confier après un bon moment. C'était encore un échec quand il ne dévoila toujours rien mais, persévérant encore, elle jugea qu'à force de répétition, il finirait par parler. Ce fut donc le même petit cinéma, de plus en plus souvent, sans jamais qu'il parle. Puis, malgré elle, des sentiments qui faisaient lentement surface.
Oui mais voilà, Alizsheynn a décidé de disparaître dans le sens propre du terme aux yeux du soldat. Sans le savoir, elle a ingurgité de l'eau contaminée. Peu à peu, elle se voit changer sans connaître les causes de ce phénomène et ça l'effraie. Ne comprenant pas bien ce qu'il lui arrive mais sachant bien que ce n'est pas normal, elle préfère fuir ce soldat et fuir cet énorme problème par la même occasion, même si ça la poursuit partout et qu'elle voudrait comprendre ce qu'il se passe.